dimanche 8 janvier 2023

Sœur Sourire / Посмішка сестри

Sœur Sourire, nom de scène de Jeanne-Paule Marie Deckers (dite Jeanine), en religion sœur Luc-Gabriel, est une religieuse et chanteuse belge née le  à Bruxelles1 et morte à Wavre le .

Entrée chez les dominicaines en 1959, elle connaît un succès mondial (Europe, Amérique, Océanie, Afrique du Sud) en 1963 avec ses chansons, notamment son tube Dominique qu'elle écrit, compose et interprète au profit de son ordre. Cette chanson de langue française se classe no 1 des ventes de disques aux États-Unis pendant tout le mois de . Sœur Sourire réussit également à classer deux albums de langue française dans les meilleures ventes d'albums américaines : l'album La Nonne chantante (The Singing Nun) se classe no 1 pendant 10 semaines au Billboard 200 en 1963 et 19642, et l'album Sa joie, ses chansons (Her Joy, Her Songs) se classe 90e en 1964. Ces performances sont inégalées pour des albums en langue française dans ce pays.

Nommée pour quatre Grammy Awards américains en 19643, dont celui de meilleure chanteuse, elle remporte celui de la meilleure chanson religieuse.

Ayant quitté les ordres, elle tente une nouvelle carrière à partir de 1967 sous le nom de Luc Dominique, sans retrouver le succès de ses débuts. Poursuivie par l'administration fiscale belge, elle finit par se suicider en 1985.

Biographie[modifier | modifier le code]

Une jeune sœur amoureuse de musique[modifier | modifier le code]

Jeanine Deckers est la fille de Lucien et Gabrielle Deckers, gérants d'une pâtisserie. Elle connaît une jeunesse qu'elle qualifie elle-même de « morne », marquée par une mère autoritaire et conservatrice et par un père soumis à sa femme. Elle devient professeur de dessin de 1954 à 1959, année où elle décide de rentrer dans l'ordre catholique des dominicaines et devient sœur Luc-Gabriel au couvent de Fichermont, à Waterloo. Très vite, elle se fait apprécier des autres sœurs du couvent pour ses compositions musicales.

Ses supérieurs décident de lui faire enregistrer un disque et négocient un contrat avec la maison de disques Philips, mais ni son nom, ni son image ne doivent apparaître sur les pochettes de disques. Le nom de scène « Sœur Sourire », dont Jeanine dit plus tard qu'elle le trouvait ridicule, est choisi par un panel d'auditeurs-test ; il reste la propriété des contractants : son éditeur et son couvent. En vertu de ses vœux de pauvreté et d'obéissance, Jeanine accepte que les droits normalement dévolus à l'auteur-compositeur-chanteur reviennent à la maison de disques et au couvent.

Succès international[modifier | modifier le code]

Sa chanson Dominique, dédiée à saint Dominique, fondateur de l'ordre dominicain dont elle fait partie, obtient rapidement un très grand succès en Europe :

« Dominique, nique, nique
S'en allait tout simplement,
Routier pauvre et chantant.
En tous chemins, en tous lieux,
Il ne parle que du Bon Dieu,
Il ne parle que du Bon Dieu. »

Elle se classe notamment dans les dix meilleures ventes de singles (45 tours) en Norvège (2e), en Irlande (4e), au Danemark (4e), aux Pays-Bas (6e), en Allemagne (7e) et au Royaume-Uni (7e) durant l'année 1963.

Ce succès européen conduit Philips à sortir son 45 tours et son album aux États-Unis. Les radios américaines diffusent régulièrement les ballades de la sœur, en particulier après la mort du président Kennedy4, créant un engouement inédit dans ce pays pour des chansons en langue étrangère. Le single (45 tours) Dominique se classe no 1 des ventes américaines pendant les quatre semaines du mois de , alors que son album Sœur Sourire (The Singing Nun) se classe no 1 des ventes d'albums (Billboard 200) pendant dix semaines de  à  et est finalement détrôné de la première place par l’album Meet the Beatles!.

Le , Sœur Sourire passe à la principale émission musicale de la télévision américaine The Ed Sullivan Show : le présentateur Ed Sullivan lui-même et son équipe se déplacent au couvent de Fichermont pour rencontrer la sœur. En 1966, un film américain, Dominique (The Singing Nun), est consacré à son histoire avec Debbie Reynolds dans le rôle-titre : les chansons de la sœur y sont interprétées dans des traductions en langue anglaise.

Le tube Dominique rencontre un succès équivalent dans les autres pays du monde anglophone, se classant à la 1re place des ventes de 45 tours au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie et à la 5e place en Afrique du Sud.

Au début de l'année 1964, la sortie du single en Amérique Latine suscite l'engouement du public : il se classe no 1 des ventes au Mexique et no 2 en Argentine et en Uruguay.

Toutefois, son deuxième album, Sa joie, ses chansons sorti au cours de l'année 1964, ne rencontre pas le même succès que son premier album et aucun tube significatif n'en est issu. L'album se classe 90e au Billboard 200 américain, performance très appréciable pour un album entièrement chanté dans une autre langue que l'anglais, mais qui fait pâle figure face aux ventes de l'album de 1963.

Pendant ce temps en Belgique, Jeanine Deckers reprend des études et essaie, à grand peine, comme en témoigne son journal intime, de s'intéresser à la théologie en suivant des cours à l'université catholique de Louvain. En , convaincue de son absence de vocation et considérant la vie au couvent comme anachronique, elle quitte les ordres.

Elle sortit également plusieurs albums destinés aux enfants (qu'elle continua à enregistrer après son changement de pseudonyme).

Une seconde carrière musicale[modifier | modifier le code]

Le contrat signé avec Philips lui interdisant d'utiliser le nom de scène qui l'avait rendue célèbre — et qui appartient toujours à son ancien ordre religieux — c'est sous le nom de « Luc Dominique » que Jeanine Deckers tente de poursuivre sa carrière. Elle écrit des titres très engagés par lesquels elle s'en prend aux mères, aux hommes (Le temps des femmes) qu'elle juge violents et dominateurs, la société (Les grands débiles) à l'Église catholique romaine et au conservatisme (Les Con-conservateurs) et défend la pilule contraceptive (La Pilule d'or, en 1967). Les textes de ses nouvelles chansons compromettent sa tournée au Québec, où elle était auparavant très appréciée du public catholique : le boycott de l'Église entraîne l'annulation d'une partie de ses concerts canadiens et elle est finalement abandonnée sur place par son imprésario.

/

Контракт, підписаний із Philips, забороняє їй використовувати сценічне ім’я, яке прославило її – і яке все ще належить її колишньому релігійному ордену – саме під ім’ям «Люк Домінік» Жанін Декер намагається продовжити свою кар’єру. Вона пише дуже віддані заголовки, в яких нападає на матерів, чоловіків (Le temps des femmes), яких вона вважає жорстокими та домінуючими, суспільство (Les grands débiles), Римсько-католицьку церкву та консерватизм (Les Con-conservatives), а також захищає протизаплідні таблетки (La Pilule d'or, 1967). Тексти її нових пісень ставлять під загрозу її тур у Квебеку, де вона раніше користувалася великою популярністю серед католицької публіки: бойкот Церкви призвів до скасування частини її канадських концертів, і її остаточно покинув там її імпресаріо.

Elle continue de sortir des disques dont le succès, très modeste, donne raison à un de ses titres de l'époque, Je ne suis pas une vedette. Dans la chanson Luc Dominique, elle explique que Sœur Sourire est morte5 :

« Elle est morte, sœur Sourire,
Elle est morte, il était temps. »

Voyant que le succès n'est plus au rendez-vous, elle demande en 1969, l'autorisation de réutiliser le nom de Sœur Sourire (autorisation qu'elle obtient). Mais même avec ce pseudonyme, sa carrière ne redécolle pas6. Son niveau de vie, très irrégulier, est néanmoins suffisant : elle tire ses revenus de ses écrits, de ses disques, des cours de guitare ou encore d'un travail auprès d'enfants autistes. En 1976, elle tente un retour aux États-Unis, mais elle n'intéresse plus personne. En 1981, elle participe à la sortie de la version remixée de son tube Dominique pour le label Scalp Records dirigé par Gilles Verlant, disque qui ne rencontre aucun écho public.

Jeanine Deckers se passionne pour les nouvelles approches de la théologie (entre Vatican II et Mai 1968), cherche à inventer pour elle-même et pour sa compagne Annie Pécher7 une nouvelle voie religieuse, qui se situe entre la vie régulière et la vie séculière. Elle refuse par ailleurs à l'époque de se considérer comme homosexuelle ; selon la biographie de Sœur Sourire écrite par Catherine Sauvat, les deux femmes ont eu des relations sexuelles, mais uniquement au bout de plusieurs années de vie commune.

/

Побачивши, що її успіху більше немає, у 1969 р. вона попросила дозволу на повторне використання імені Soeur Sourire (дозвіл, який вона отримала). Але навіть з цим псевдонімом її кар’єра не пішла знову. Її рівень життя, дуже нерегулярний, проте достатній: вона отримує дохід від своїх творів, своїх записів, уроків гри на гітарі та навіть роботи з дітьми-аутистами. У 1976 р. вона спробувала повернутися в США, але більше нікого не цікавила. У 1981 р. вона брала участь у випуску реміксованої версії свого хіта Dominique для лейбла Scalp Records під керівництвом Жиля Верлана, диск, який не зустрів публічного резонансу.

Жанін Декерс захоплена новими підходами до богослов’я (між ІІ Ватиканом і травнем 1968 р.), прагне винайти для себе та своєї супутниці Енні Пешер новий релігійний шлях, який лежить між звичайним і світським життям. Вона також відмовляється в той час вважати себе гомосексуалісткою; згідно з біографією Сур Сурір, написаною Катрін Сауват, дві жінки мали сексуальні стосунки, але лише після кількох років спільного життя.

Dettes et dernières années Борги та останні роки
Tombe de Jeanine Deckers et de sa compagne au cimetière de Wavre.

À partir de 1974, les services fiscaux belges réclament à Jeanine Deckers les fortunes qu'auraient dû lui rapporter les ventes de Sœur Sourire, mais restent sourds à ses explications. Jeanine Deckers fait alors appel à son ancien couvent et à son ancienne maison de production, Philips. Si les sœurs lui remettent ce qu’elles estiment être sa part (l'aidant notamment à acquérir son appartement de Wavre, à la condition qu’elle cesse de dénigrer la congrégation et qu’elle signe un document pour solde de tout compte), Philips, qui avait touché 95 % des recettes, ne fait rien.

Sa compagne fonda l'institut Claire Joie qu'elle dirigea avec Jeanine Deckers afin de venir en aide aux enfants autistes. Malheureusement, l'institut fut déclaré en faillite et dut fermer en 19828,9,10.

Confrontée à une dette importante et aux intérêts accumulés, Jeanine Deckers et sa compagne, Annie Pécher, thérapeute d'enfants autistes, sombrent dans une dépression que l'alcool et les médicaments ne font qu'aggraver. Toutes deux finissent par se suicider ensemble le .

Ironie du sort, le jour de son suicide, la Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs (SABAM) sortait un état trimestriel de ses droits d’auteur pour 571 658 francs belges11, forte somme pour l'époque.

Leurs funérailles eurent lieu le  au monastère de Clerlande à Ottignies en présence d'environ 150 personnes et de quelques membres des familles - une sœur et des cousins pour Sœur Sourire et les parents de sa compagne. Dans ses paroles d'accueil, le père Jean-Yves Quellec, qui fut longtemps le confident des deux femmes, déclara : « Celui qui juge sans appel une personne humaine se juge lui-même et, aussitôt, se condamne. Dieu seul juge, car lui seul connaît les secrets du cœur. »

Elle laisse plusieurs chansons jamais commercialisées, mais dont elle souhaitait qu'elles le fussent après sa mort6.

/

З 1974 р. бельгійська податкова служба вимагала від Жанін Декер ті статки, які їй мали принести продажі Soeur Sourire, але залишалася глухою до її пояснень. Потім Жанін Декер звертається до свого колишнього монастиря та своєї колишньої виробничої компанії Philips. Якщо сестри віддадуть їй те, що вони вважають своєю часткою (допоможуть їй, зокрема, придбати квартиру у Ваврі, за умови, що вона припинить принижувати конгрегацію та підпише документ для врегулювання всіх рахунків), Philips, який отримав 95% доходу, нічого не робить.

Її партнерка заснувала Інститут Клер Джой, яким керувала разом з Жанін Декер, щоб допомагати дітям-аутистам. На жаль, інститут був оголошений банкрутом і був змушений закритися в 1982 р.

Зіткнувшись із великим боргом і накопиченими відсотками, Жанін Декер та її супутниця Енні Печер, терапевт для дітей-аутистів, впадають у депресію, яку алкоголь і наркотики лише погіршують. Обидві  разом покінчили життя самогубством 29 березня 1985 р.

За іронією долі, у день їх самогубства Бельгійське товариство авторів, композиторів і видавців (SABAM) підготувало квартальний звіт про гонорари Жанін Декер на суму 571 658 бельгійських франків — велику суму на той час.

Їхні похорони відбулися 4 квітня 1985 р. в монастирі Клерланді в Оттін'є в присутності близько 150 осіб та деяких членів сім'ї — сестри та двоюрідних братів Жанін Декер та батьків її партнерки. У своєму вітальному слові отець Жан-Ів Келлек, який тривалий час був довіреною особою обох жінок, заявив: «Хто безапеляційно судить людину, судить самого себе і негайно засуджує самого себе. Один Бог судить, бо один він знає таємниці серця».

Вона залишила кілька пісень, які так і не були продані, але які вона хотіла, щоб вони були після її смерті.

Discographie[modifier | modifier le code]

Voici la liste des chansons de Sœur Sourire :

Nominations et récompense aux Grammy Awards[modifier | modifier le code]

AnnéeTravail nomméRécompenseRésultat
1964Ses performances vocalesMeilleure chanteuse popNomination
1964Sœur Sourire The Singing Nun (album)Album de l'annéeNomination
1964DominiqueEnregistrement de l'annéeNomination
1964DominiqueMeilleure chanson religieuse (en)Lauréat

Publication[modifier | modifier le code]

Adaptations biographiques[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • 2005 : Sœur Sourire, zie me graag de Luc Maddelein et Leen van den Berg, d'après les journaux intimes et les correspondances de sœur Sourire. Le livre fut traduit en français sous le titre Sœur Sourire, journal d'une tragédie.

Films[modifier | modifier le code]

Des films biographiques ont retracé la vie de Sœur Sourire :

Pièces de théâtre[modifier | modifier le code]

Musiques de Sœur Sourire à la télévision[modifier | modifier le code]

  • En 1985 dans la cinquième saison de la série Dynastie (épisode 17 Triangles) il est fait allusion à la mort de Sœur Sourire dans une conversation entre Alexis Carrington et Dominique Devereaux.
  • En 1992 dans l'épisode Séparés par l'amour (saison 3, épisode 23) de la série américaine Les Simpson, une religieuse chante Dominique.
  • En 2009, la chanson Dominique est utilisée dans les séries télévisées Skins et Mad Men.
  • En 2012, la même chanson est utilisée dans la série télévisée American Horror Story: Asylum. Dans cette dernière série, la chanson est diffusée en permanence dans la salle commune de l'asile.
  • En 2019, la chanson est utilisée dans la série Happy! saison 2, épisode 1 de Netflix. Elle est utilisée pour une scène gore où des nonnes se font exploser.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Éliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette, Jean Puissant, Marie-Sylvie Dupont-Bouchat et Jean-Pierre Nandrin (dir.), « Deckers, Jeanne-Paule », dans Dictionnaire des femmes belges (xixe et xxe siècles), Racine, , 637 p. (ISBN 2-87386-434-6)p. 145–146.
  2.  Allmusic.com : Classements de Sœur Sourire aka The Singing Nun [archive]
  3.  (en) « Streisand and Sœur Sourire Vie for Top NARAS Awards »Billboard,‎ p. 8 (lire en ligne [archive]).
  4.  (en) « Dec 7, 1963: The Singing Nun reaches #1 on the U.S. pop charts with "Dominique" » [archive], sur History.com.
  5.  Entretien avec Luc Dominique [archive] dans l'émission de télévision Carrefour sur la TSR, le .
  6. ↑ Revenir plus haut en :a et b « The Singing Nun - Soeur Sourire CD Project organisée par Carine Michiels » [archive], sur gofundme.com (consulté le )
  7.  Voir sur lesoir.be. [archive] Consulté le .
  8.  « Soeur Sourire, une voix égarée », La Croix,‎  (ISSN 0242-6056lire en ligne [archive], consulté le )
  9.  « Sœur sourire, une icône oubliée des années 60 » [archive], sur Focus on Belgium (consulté le )
  10.  (en-US) Ap« Belgium's Singing Nun Is Reported a Suicide »The New York Times,‎  (ISSN 0362-4331lire en ligne [archive], consulté le )
  11.  Éric Meuwissen, « Sœur Marie Michel fête son siècle à Fichermont : elle géra Sœur Sourire », Le Soir,‎  (lire en ligne [archive]) : « Le , on la retrouva étendue dans son lit avec son amie Annie Pécher dans leur appartement wavrien. Double suicide. Le jour même, la Sabam sortait un état trimestriel des droits d’auteur de Sœur Sourire : 571 658 francs ! »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire